Quels baumes, quels onguents peuvent ressusciter cette merveille pure qu’était la vie intense de populations aujourd’hui décimées ?
Il y avait à l’Est une étoile ashkénaze dont les branches ont pu donner Scholem Aleikhem, Chagall, Peretz, Canetti, Freud ou Singer. Entre les ronces et les pavés du shtetl, vivait une culture au quotidien où la spiritualité le disputait à la dérision. La gouaille de l’humble s’offrait un violon sur le toit et tout un peuple de chants et de danses surgissait de millénaires d’histoire.
Le chiendent increvable du yiddish qui ne veut pas mourir, qui a besoin de racines mais aussi de respiration internationale, non confinée, résiste à toutes les morts programmées de sa culture.
Pour ce pollen et cette fidélité, peut-être suffit-il de quelques jeunes gens de la survivance, de la transmission rythmique d’un Orient Express, de la mémoire des mamans, de la vigueur des pères qu’ils portent en eux.
Mes amis Pierre Wekstein, Marc Slyper, Denis Cuniot et leurs camarades, juifs ou non sont des shnorers féconds. Héritiers du klezmer en sol de France, comme des sourciers de cette tradition, ils créent ici de nouveaux jaillissements.
Gabriel Garran
Directeur du TILF
Théâtre International de Langue Française
