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Denis CUNIOT, pianiste klezmer
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Revue de presse Raga klezmer

Le klezmer des origines à nos jours en un concert de six heures à L’Européen
Paris (France) - 05 février 2015 13:10 - AFP (Christophe CHEYNIER)

Le pianiste Denis Cuniot, en solo et duos, retracera dimanche à L’Européen deux siècles de klezmer, des origines de cette musique juive d’Europe orientale apparue au XVIIIe jusqu’à ses expressions contemporaines, dans un concert de six heures parsemé de chants yiddish et de musiques tziganes.
"C’est la traversée de deux siècles de musiques klezmer et yiddish, avec une incursion vers les musiques tziganes, nos cousines", a confirmé à l’AFP Denis Cuniot.
Dans cette création sous forme de râga indien, présentée à Paris pour la première fois, il veut retrouver "le temps long" de la fête dans les mariages juifs, rythmé dans les shtetls par ces musiques.
Seul au piano, il interprète les thèmes qu’il a arrangés, ses airs klezmer prenant sous ses doigts des accents romantiques. Yom, joueur de clarinette, l’instrument roi du klezmer, lui donnera aussi la réplique.
Avec le guitariste électrique David Konopnicki, apparaîtra le visage plus trash d’une musique ayant épousé les évolutions de son temps.
Le violoniste Bruno Girard sur des musiques tziganes, Michèle Tauber pour des chansons yiddish exprimant les tourments de l’âme ashkénaze, le rejoindront également.
Selon Didier Cuniot, le mouvement hassidique dans la seconde moitié du XVIIIe siècle a été décisif dans l’émergence du klezmer. "Ce mouvement religieux réintroduit la musique (et la danse) comme possibilité d’intermédiaire dans le rapport avec Dieu, sans être dans le livre tout le temps", prétend-il. La chanson yiddish et les nigounim (mélodies à bouche fermée) étaient jusque-là les seules formes musicales.
Clochards célestes
Des musiciens s’emparent alors des chants, les transposent à l’instrument - klezmer signifie "instrument de la voix" -, avec comme "voix" principale le violon, puis la clarinette fin du XIXe siècle.
Clochards célestes, ces itinérants du spectacle se forgent un répertoire qui emprunte aussi aux musiques des pays où ils passent. "Dans le klezmer, les mélodies, tirées des chants de la synagogue, sont orientales, et les rythmes, empruntés aux musiques traditionnelles des pays où ils sont, slaves", explique Denis Cuniot.
Mais "leur vie n’est pas casher", et les klezmorim sont rapidement détestés par les conformistes. Ces musiciens de rue deviennent cependant incontournables dans les mariages, où leur musique d’ivresse, frénétique ou mélancolique, joyeuse ou triste, épouse les moments de la fête.
"Dans un mariage juif, on dit qu’on est en vie et on s’amuse, mais on rappelle en permanence tout ce qui est arrivé de douloureux dans l’histoire du peuple et de la famille", souligne Denis Cuniot pour expliquer les différents états de cette musique.
Denis Cuniot est celui en France qui a redonné la parole à cette musique, devenue quasiment muette, qu’il redécouvre à travers de vieux enregistrements. Depuis trente ans, il interprète inlassablement ces airs qui lui ont redonné une âme d’enfant.
France Musique klezmer
Des extraits de son râga seront diffusés sur France Musique dans l’émission "Couleurs du monde" le 18 février, en clôture d’une journée spéciale consacrée à la musique traditionnelle des peuples ashkénazes.
Dans son émission "Carrefour de Lodéon", Frédéric Lodéon passera ce jour-là des oeuvres classiques influencées par ces musiques juives, composées par Chostakovitch, Prokoviev, et d’autres... 
"Chostakovitch était philosémite, il a fait pas mal de morceaux autour de chants hébraïques religieux, on sent chez lui un vrai amour pour cette musique", rappelle Denis Cuniot.
Le concert donné le 4 février au Studio 106 par le clarinettiste David Krakauer avec plein d’invités du monde du jazz et du classique contemporain, sera retransmis intégralement en "prime time" (18/20h00).
David Krakauer représente le courant new-yorkais.
Avec les vagues d’émigration des juifs d’Europe de l’est, le klezmer, auquel les pogroms, l’Holocauste et le stalinisme ont porté un coup fatal en Europe, s’est en effet déplacé vers les Amériques fin XIXe-début XXe.
Dave Tarras et Naftule Brandwein, clarinettistes venus d’Ukraine, y ont même connu un certain succès avant que cette musique ne s’éteigne dans les années 20.
Elle a ressuscité à New York au début des années 80 avec la Radical Jewish Culture, une scène musicale underground.